1er jour, le 20/08

Je traverse l’aéroport avec un grand sourire, mon sac sur le dos. En face de moi il y a tout un groupe de personnes qui attendent l’arrivée des passagers. Je suis le premier, je suis en t-shirt, je suis seul, et j’ai un chapeau sur la tête. Alors forcement, les gens ont l’air étonné en me voyant arriver.

L’un d’eux s’approche de moi, très amical, il me prend par l’épaule et m’accompagne dehors. Il parle anglais et peut m’amener en ville. Je charge mon sac à l’arrière, et je monte devant. Mais il insiste pour que je passe derrière, un peu comme dans un taxi en fait (bein non, je n’ai pas l’habitude des taxis). Sur la route j’ai droit à l’explication touristique des sites et monuments que l’on croise. Il y a le fleuve Dund Gol que l’on est entrain de longer, l’énorme usine qui la borde, où travaille la plupart des habitants. On passe devant leur resto, avec un gros hamburger en enseigne … Ullanbator est de l’autre coté du fleuve, mais il faut aller plus loin pour le traverser.

Il s’arrête devant un bâtiment fermé, dans une rue peu fréquentée. Les commerces ouvrent entre 10 et 11h le matin. Donc à 7h, il n’y a pas grand monde dans les rues. Mais le bâtiment devant lequel on est arrêté est une banque, et elle dispose d’un distributeur de billets à l’extérieur. Je vais retirer des sous avant que mon taxi ne m’emmène acheter une carte de la région.

Devant le distributeur, je prends mon papier ou j’avais prévu les conversions. Il me faut 20 € pour trente jours. 10.000 tg, c’est 7€50, donc ….je clic, je valide …

Oups …J’ai l’impression qu’il y a un 0 en trop.

Cette machine est entrain de me dégeuler une liasse de billet dans les mains. J’en ai pour plus de 200 €. Bien sur, mon pilote assiste à la scène, et le montant de la course vient subitement d’augmenter. On passe de 3.500 Tg (3€) à 60.000 tg (45€). La négociation est délicate. J’ai du mal à cacher tout cet argent, alors qu’au loin, ce qui pourrait etre des mecs louches sont peut être entrain de s’intéresser à nous. Le prix descend à 40.000 tg, et je lui annonce que je n’ai plus besoin de ses services.

Je me retrouve tout seul, visiblement loin du cœur de la ville, et avec tellement de billets que je ne sais même plus où les cacher. Poches de baggy, poche de veste, boite aquarelle, seconde poche de baggy, sacoche d’APN, … trois semaines plus tard j’en retrouverais dans un coin que j’avais complètement oublié.

Les noms des rues sont en cyrillique, et personne ne parle Anglais. Grâce au plan du Lonely Planet, je finis par identifier le jardin public, et la place principale de la ville. Tout est vide.

Pour rejoindre le Map Shop, j’évite l’axe principal et je coupe par les petites rues. C’est plus rapide.

Sur le chemin je croise des marchands de légumes entrain de s’installer sur le bord de la route, des petits kiosques dans lesquels on peut acheter tout et n’importe quoi, des arrêts de bus avec des gens qui crient le nom du prochain arrêt au cas où certains soient intéressés En poursuivant ma route, je me retrouve en périphérie ville/banlieue. Coté ville, ce sont des vieux bâtiments en béton, apparemment investis comme commerces. La chaussée est goudronnée, mais les trottoirs sont la plupart du temps laissés en terre. Il y a beaucoup de poussière.

Coté banlieue, c’est pire. A flan de colline, il n’y qu’un campement de yourtes, à perte de vue. Elles sont entassées les unes contre les autres, cloisonnées par des palissades en bois. Ca fait bizarre de voir tant de personnes vivre sous des tentes à 15 mètres de la ville.

J’arrive devant le Map Shop.

J’ai choisit mon itinéraire en fonction de la précision des cartes que j’avais trouvées sur le net. Il se trouve que la plus précise correspondait à la zone Nord Ouest , au dessus d’Ullanbator. Bien sur, la vendeuse n’avait aucune carte précise de cette région.

Je me décide à prendre une carte au 1/50.000 eme, et elle m’aide à retracer mon chemin dessus. Les noms des villes sont différents, les reliefs aussi. La route que j’avais prévue de suivre était en réalité la voie de chemin de fer. Ca tombe bien, je pourrais prendre le train pour rentrer si j’ai un problème. Visiblement, l’échelle n’était pas bonne non plus. Tout parait un peu plus grand sur cette nouvelle carte. Elle me dit qu’a mi-parcours je serais dans une grande ville (Oronktul) mais qu’après, elle est sûre de rien. On entoure au stylo les étapes où je dois dormir, et je reprends ma route.

En Australie depuis 4 mois maintenant, je m`accorde une pause pour reprendre ce carnet.
Plusieurs fois j`ai racconte ma premiere journee en Mongolie, riche en nouvelles experiences. A elle seule, elle resume ce voyage, avec mon itineraire incertain, des rencontres incroyables, la penurie d`eau, les chemins escarpes, les enfants, le the, l`amour des gens, et ma premiere yourte.
Je vais essayer d`etre claire et conci.

Je quitte l`epicerie avec ma concerve de chocolat, une grosse saussice (qui se revelera etre du salamie), et une miche de pain. Pas de charge inutile, j`ai l`intention d`arriver a ma premiere etape ce soir. Maintenant, direction la sortie d`UllanBator.
J`emprunte la voie principale, qui traverse la capitale d`Est en Ouest (en suivant mon sens de marche).
C`est incroyable comme les gens sont simpatiques. Tout le monde me sourit. Alors je leur dis bonjour, ils me repondent ... Je rencontre deux ouvriers qui semblaient presse de retourner travailler. Ils ont quand meme prit le temps de discuter avec moi (je n`ai pas compris un seul mot), et de m`ecrire leur nom, et leur date de naissance sur un papier. Puis ce fut mon tour. Apres un silence gene, la discution s`arrete la. Ils me saluent, et ils repartent au pas de course vers le centre ville.
Je marche maintenant depuis une bonne demi heure, mais je n`apercois toujours pas la sortie de la ville. Je m`arrete alors a un arret de bus pour demander ou je me trouve sur ma carte. Une mere et deux jeunes tentent de faire le point alors qu`une petite brise menace a tout moment de dechirer le precieux document. Apres une etude assidu de la situation, on en deduit que je me trouve plus ou moins a egale distance entre le bout de la ville (mon itineraire de base), et ma premiere etape (a vol d`oiseau). Apres confirmation de la petite foule qui attend le bus, je prend l`iniative de modifier le programme, et de couper plein Nord, direction Shijir, via le quartier de yourtes d`Ullanbator.

Ca grimpe, un peu. Je traverse une derniere fois la route avant de m`engager dans ce labyrinthe de palissades en bois, et de chemins de terres. Ici, les rues sont beaucoup moins peuplees. Parfois, j`apercois une mere est ses enfants, quelques rues plus loin. Mais j`essaie de suivre ma route. J`ai prit un peu de retard sur ma journee, et j`aimerais atteinde le sommet de cette colline pour avoir un point de vue sur la suite du parcours. Au beau milieu de ce quartier, on ne vois pas grand chose. J`entend quelques enfants jouer derriere des portailles de fortunes, d`autres se faire disputer, et rentrer dans la yourte. Apres que la petite porte en bois soit rabatut derriere eux, les voix s`atenues.


Au loin, quelqu`un arrive. On va pouvoir discuter un peu. C`est un homme, quarantaine d`annee. Des vetements abimes, et le visage marque par la vie, qui doit pas etre facile sur cette colline poussiereuse. Mais ca n`entache pas leur bonne humeur. Apres qu`on ai fait les presentations, il me demande une cigarette. Je ne fume pas mon ami. Concient du potentiel que represente un touriste, meme perdu dans ce quartier, il insiste. Il me propose a present de redescendre en ville avec lui, et d`aller boire un verre de vodka. Ca ne doit pas etre bien cher, mais ce n`est pas sur ma route. Je refuse la proposition. Finalement il me demande de l`eau. Il fait chaud. Tres chaud. De l`eau, il n`y en a pas ici. Ce qui etaient avant des lits de riviere, sont maintenant des crevases completement seches, utilisees comme depotoires, sanitairs, vide ordures a l`abrit du vent. Sur l`instant, j`ai pense que je vais avoir besoin de cette eau pour vivre ici. Alors j`ai refuse de lui en donner, et je suis partie. Il avait l`air decu, mais pas fache. Je suis un connard.
Tout le monde a besoin d`eau pour vivre. Je m`en veux enormement, encore aujourd`hui, d`avoir ete aussi minable. Quand je raconte cette histoire, les gens me disent ``T`en fait pas, tu l`as vecu, ca t`as fait une lecon`` Il y a l`experience, et il y a le bon sens. Cette fois la, je n`ai pas prit le temps de reflechir, ou de penser a autre chose qu`a moi meme, et c`est une attitude qui est a l`oppose de ce que j`aimerais etre. Il ne faut pas que j`oublie cet homme.

Au sommet de cette colline, je trouve un monticule de pierres, orne de ce qui doit etre des offrandes. Des bouts de tissus accroches a des batons de bois, des masques, et un tas d`autres objets indescriptibles. Je m`assoie derriere, a l`abrit du vent, pour consulter ma carte.
Plus loin, dans la vallee, je vais traverser un terrain vague, une zone en chantier, puis il y a ce village. Mais aucune trace du chemin de fer. Mon etape de la journee doit se trouver plus loin.
Apres avoir descendu la colline, je rejoins ce nouveau camps de yourtes et de barraquements. En chemin, je croise dans enfants, qui trimbalent un jericane vide. Ils tentent de m`expliquer ce qu`ils vont en faire, et dans l`espoir qu`ils aillent chercher de l`eau, je continue la route avec eux.
Au bord du chemin, il y a des troues dans la terre, creuses sur un metre de profondeur. Au fond, dans une legere boue, flottent toutes sortent de detritues. Les enfants m`indiquent que je dois aller plus loin. On traverse une route gondronnee, bordees de deux petites magasins. L`une des cabanes propose de la nourriture, et de l`autre cote de la route, une jeune femme recupere des bouteilles en plastique, vides, et revend ces memes bouteilles remplies d`eau.
Cette boutique d`eau, c`est exactement ce qu`il me fallait. Mais les enfants me demandent de les suivre encore un peu. On traverse une nouvelle zone d`habitations, puis, apres avoir depasse les dernieres palissades, de l`herbe.
De l`herbe bien verte, qui recouvre entierement le sol, jusqu`au pieds des collines qui s`elevent devant nous. Un peu plus loin, au milieu de cette prairie, des enfants remplissent des bidons avec l`eau d`un ruisseau dissimule dans les hauts herbes. Je remplie mes bouteilles, on me prete une louche en plastique pour boire, on se rince un peu le visage, et je reste un moment assis sur les cailloux, au bord de l`eau, a suivre le manege des gamins qui arrivent, chacun leur tour, pour faire la corvee d`eau de la journee.






Le soleil brule la peau, mais au bord du ruisseau, c`est agreable.
Apres avoir fait un rapide point sur la carte, je constate que les 1:500.000eme de precision ne suffiront pas. Je decide de faire confiance a ma boussole, et je me dirige vers les collines.
30 metre plus loin, un couple qui se reposait dans l`herbe et que j`avais decide de ne pas deranger, finissent par m`interpeler.
On refait le point sur la carte.
Comme je l`avais devine, je ne suis pas dutout la ou je pensais etre, et il va falloir encore grimper avant d`arriver a Shijir. Mon nouveau camarade passe un long moment a etudier la carte, a la retourner dans tous les sens, a retrouver le nom des differents villages avec sa copine ... Finalement, il me donne la direction a suivre ``Tu montes une fois, tu montes deux fois, et derriere tu trouveras le village de Shijir``. J`ai mon nouvel itineraire, je reprend la route.

Petite emotion lorsque je croise mon premier cavalier. Je me trouve quand meme au pays des chevaux, 13 betes par
habitants ... Mais le temps que je sorte mon appareil, que j`insere la batterie, et que je fasse la mise au point, ... mon sujet change de route, me tourne le dos, et ca se fini en prise de vue a contre jour et trop eloigne. Tant pis. J`en croiserais d`autre.

Quelques yourtes bordent un chemin qui grimpe tout droit sur la colline. Plus haut, un gamins s`engage dans la pente avec son p`tit velo, au plus fort du denivele. Il me rejoint a pleine vitesse, s`arrete a ma hauteur, et remonte la pente avec moi.
Je ne me rappel plus quel age il a (~10 ans), mais il m`explique qu`il y a des bosses sur la route, alors il tombe souvent. Ca fait mal, mais c`est rigolo. Il habite dans la deuxieme yourte sur la droite, et les gamines qui courent se refugier a l`interieur sont ses deux grandes soeurs. Il n`a pas la langue dans sa poche, et il est plutot expressif. J`ai l`impression de comprendre tout ce qu`il me racconte. La pente est moins abrupte maintenant. Alors il me souhaite bonne route, et remonte sur son velo pour une nouvelle descente en trombe.

Toujours en grimpant, je croise un enieme lit de riviere asseche, remplit de detritues. Un peu plus loin, j`atteins un autre camp de yourte. A flanc de colline, instale sur de l`herbe verte, une 50 aine de yourtes et petites habitations, toujours cloisonnes par des palissades, mais plus aeres. C`est deja un peu la campagne. D`ici, on domine la vallee jusqu`a Ullanbator, qui disparait petit a petit derriere les collines. Audela, c`est la montagne (me rappel plus le nom -_-`). On n`est pas mal ici.


Devant le camp de yourtes, j`apercois 5 ou 6 jeunes. Une nouvelle opportunite de faire le point. Le chemin que j`ai emprunte jusque la n`est pas sur ma carte, et il ne se poursuit pas plus loin. Mais pas d`chance, les jeunes ne se reperent pas dutout sur la carte, et le nom de ``Shijir`` ne leur dit rien. Apres les avoir quitte, je traverse le camp en esperant croiser quelqu`un ... personne. Tant pis, je continue a la bousole.

Je peine un peu dans la montee. Je marche depuis 6 heure ce matin, il y a du denivele, et le vent souffle assez fort pour que je fasse attention a mon chapeau. Je sent le poid de mon sac, alors je bois un peu d`eau pour l`alleger, me desalterer aussi.. J`atteind presque le sommet de la premiere colline, quand j`appercois quelqu`un, plus haut. Il disparait rapidement derriere le sommet, alors je tente de contourner par le flanc, pour le ratrapper. Derriere, il n`y a plus personne. Ni en amont, ni en aval. Je suis pourtant sur d`avoir vu une grande ombre se dessiner derriere la colline. D`apres les instructions que l`on m`a donne, je viens de passer le premier sommet. Plus loin j`appercois le second. Dans une heure et demi, deux heures, je devrais apercevoir Shijir.

J`me trouve bete a descendre, alors que je vais devoir remonter d`autant dans quelques instants. Le sommet de la prochaine colline me cache a present le soleil. La temperature a change, brusquement. Je met ma polaire, et j`entame la derniere assention de la journee. Au loin, derriere la colline, j`entend un berger et son troupeau. Je tente de les rejoindre, mais je fait plusieurs poses dans la cote. Il s`eloigne. Une fois le sommet atteind, il avait disparut. Mais plus intriguant .... Je suis ou, la ?!?
Une large vallee, des collines a perte de vue, .... mais pas de Shijir, pas de chemin de fer, .... On m`avait pourtant bien conseille de grimper deux fois, mais comme seul trace de vie, il n`y a que quelques yourtes isolees, plus haut Nord. C`est la fin de la journee, je decide d`aller a la rencontre de mes premiers nomades Mongoles.
Quelques minutes plus tard, j`arrive a la hauteur de la premiere yourte. Un viel homme est assis sur un tabouret, seul. Je m`approche ... ``Bonjour, je m`appel Grata. Comment allez vous?``. Il me sourit, il me repond ``Ca va, ca va.``, et il me donne un tabouret. Je lui demande si je peux planter ma tente pres de sa yourte, il aquiece, puis je sort ma carte et lui montre mon itineraire. Je compte monter au Nord jusqu`a Salikt, puis rejoindre Oronktul a L`Ouest, redescendre par les montagnes ... Pendant ce temps deux gamines, 8/10 ans, arrivent en courrant. On fait les presentations, puis elles foncent dans la yourte, et reviennent avec du the, et des morceaux de fromage. On essaie d`entamer une discution avec le grand pere, a l`aide du lexique du Lonely Planet ... peine perdu. Ca se transforme en cours de vocabulaire sur les animaux de la ferme. Cheval, vache, mouton, chevre ... Ma prononciation n`est pas exelente, mais ca n`a pas l`air de le gener. Alors que j`etais en plein progres, il s`arrete et demande quelque chose en enfants. Elles partent en courrant. Plus tard, un cavalier nous rejoint, amenant un deuxieme cheval avec lui. Celui-ci est pour moi. Il me demande de monter et de le suivre.
On reprend la route.
Il commence une discution assez complexe sur un sujet qui m`est peut etre familier, mais sur lequel je ne peux intervenir. Il parle a toute vitesse dans son propre langage. Il pourrait parler plus lentement ca ne changerais rien, je ne comprend pas le Mongol.
Lorsque il s`en apercoit, on repart sur un cours de diction du mot ``cheval`` ... Maoree ... Moerree ...
Il habite la derniere yourte sur la colline.
Je plante ma tente, et je m`assoie pour profiter de cet instant. J`ai quitte l`avion ce matin a 6h, et ce soir, je suis avec des nomades, en Mongolie.
...
On m`invite a rentrer dans la yourte. C`est ma premiere fois.
La description va etre difficile, on n`est eclaire que par une bougie. Au centre, un foyer qui crache quelques flammes, puis une table, sur laquelle est pose un large plateau. Sur ce plateau, de la viande, en vrac. Autour, sa femme fait manger sa petite fille, alors que son mari dispose des morceaux de viande dans des ramequins, et les pose en offrande sur ce qui semble etre un autel. Puis il remplit une large bassine en plastique jaune, qui, a en juger les multiples erraflures, a servit a tout un tas d`autre chose avant. Il me la tend. Je veux piocher un morceaux, mais il me la laisse dans les bras. C`est ma part. Il a beau faire sombre, je m`apercois quand meme que ma part est egale a la leur, reunit. Premiere gene.
Il me dit que je dois manger. ``Maoree!`` C`est donc du cheval. Mais ce n`est pas tout. Il y a autre chose, mais je ne comprend pas le mot. Alors il me montre, a droite de mon tabouret, une tete de lama jonche le sol. Une belle tete de lama, un grand oeil sombre, grand ouvert, derriere des poiles blancs, crepus. C`est la premiere fois que je mange du lama. Du cheval, aussi.
Je m`interresse a ma bassine. L`odeur est particuliere, mais c`est de la viande. Alors je suis content. Je distingue facilement les morceaux de foi, a leurs formes et couleurs, l`estomac, avec ses picots qui chatouille la langue, et la grosse poche de graisse, un peu ecoeurante, mais qui donne du gout a la viande. La ou j`ai un instant de doute, c`est sur l`enorme intestin gorge de sang qui fait des noeuds dans ma bassine jaune. J`ai apprecie autant que je pouvais mon premier repas avec des nomades. On a fini, nous, les hommes, avec un verre d`alcool de lait, cul sec.

Il me propose de rester dormir dans la yourte, me dit que je vais avoir froid dehors. Je lui explique que j`ai tout ce qu`il me faut, je ne veux pas deranger. Puis je vais me coucher, un peu fatigue apres ma premiere journee, et terriblement heureux.
Je me glisse dans mon duvet.
A 22h, je me reveil, et met un t-shirt. Il fait un peu frais cette nuit. Apres 22h30, je me reveil a nouveau, et met mes deux paires de chaussettes, mes deux t-shirts, ma polaire et mes gants. Puis j`ai un peu dormit jusqu`au leve du soleil, et son agreable rayonement.

PS: Dans le recit de la deuxieme journee, vous apprendrez comment Grata se fait son premier bobo sur un mal entendu, et pourquoi il ne faut pas mettre ses tubes de lait concentre en vrac dans son sac. Des aventures de plus en plus palpitantes, et ce n`est que le debut ...