Mais cette fois-ci je n’ai pas ce problème. Je ne veux pas acheter quoi que ce soit qui pourrait m’encombrer inutilement. J’ai choisit un petit sac à dos, et réservé de l’espace libre uniquement pour ramener des trucs. Je ne me rappelle pas avoir feuilleté ces magasines ... je crois que je suis resté planté devant le tableau d’affichage, et que j’ai rejoint mon quai dès que j’ai eu le numéro.
En tout cas, c’est ce que je ferais.
Dans le train, j’essaye de me reposer le plus possible. Je ne m’étais pas assez entrainé pour faire ce que je m’attends à faire … et j’ai dans l’idée que chaque minute de repos compte. Plus tard, je me suis aperçu que ça n’avait rien à voir.
Je descends à la prochaine station.
….
Je crois que c’est la première fois que je prends l’avion depuis Roissy. Je suis pressé de rejoindre le comptoir d’Aeroflot, ma compagnie aérienne. Alors je cours un peu dans les couloirs du Métro, je loupe la sortie, je pense aller plus vite en marchant à coté des tapis roulants … finalement je dois les emprunter pour revenir en arrière, et je finis par débarquer dans le hall de l’aéroport.
Je rejoins mon comptoir en marche rapide, mais visiblement personne ne m’y attend. L’hôtesse de la compagnie voisine voit que je me précipite et que je cherche dans tous les sens un bonhomme, dans le box à coté, quelque part dans le hall, sous le comptoir … elle finit par s’inquiéter de mon sort : « Il devrait arriver dans peu de temps, vous êtes en retard ? Vous voulez que je le fasse appeler ? »
Mon avion est dans 5 heures, no worries. Je me suis détendu, grand sourire, et le bonhomme est arrivé quelques secondes après.
J’étais quand même assez content de rencontrer le mec que je n’avais jamais réussi à avoir au téléphone depuis une semaine que je les appelle. J’avais un doute sur la réservation du billet ainsi que sur l’assurance annulation. Il y à 4 jours, j’étais prêt à tout annuler car je n’avais toujours pas d’assurance, toujours pas mon visa, et mon passeport égaré quelque part entre la boite au lettre du Grand Parc et l’Ambassade de Mongolie à Paris.
Finalement, j’allais retirer mes billets au guichet Aeroflot de Roissy Charles de Gaulle, et m’envoler enfin vers Ullanbator, via Moscou.
Sauf que je ne suis pas dans la liste des passagers. Ils n’ont pas de billet réservé à mon nom sur les vols de la journée, ni même de demain. A ce moment là, je ne panique pas. J’ai un certain nombre de garanties, comme le retrait d’argent sur mon compte, la feuille de vol, ou le numéro du dossier. C’est ce dernier qui nous a permis de trouver la réservation, faite à mon prénom …(Surname ?)
Après être passé pour un boulet, il me regarde bizarrement et me dis : « Vous allez passer une nuit dans l’Aéroport de Moscou ? Il est pourri leur Aéroport, et très cher en plus. Vous pouvez prendre le même vol pour demain matin ! Ca vous épargnera toujours ça … »
Sauf que partir le lendemain supposait prendre la navette pour rejoindre un hôtel dans Paris. La nuit + l’allé retour = 120 €. Je prends mon billet et je pars à l’enregistrement.
L’aéroport de Moscou … J’ai du mal à me l’imaginer. Un vieux bâtiment en béton, datant de l’ex-Urss ? Il fait quelle température en Russie ? En prévision d’une nuit au moins aussi terrible que me l’avait prédit l’agent Aeroflot, j’échange mon matos de dessin et appareil photo que j’avais dans la banane, contre ma veste de pluie (vêtement le plus chaud après ma polaire et mes chaussettes).
Je passe le reste de l’après midi à manger avec un mec sympathique, mais révolté contre tout, à déambuler dans les duty-free, et à feuilleter les magasines Air France.
Plus tard, j’embarque à bord de l’avion, avec mon précieux bagage à main qui allait peut être m’éviter une hypothermie.
J’arrive dans l’avion, en t-shirt customisé, polaire en ceinture, baggy, chaussures de rando, comme si je prenais le bus. Je suis le seul à ne pas utiliser les compartiments à bagages. Je pose mon chapeau n’importe où, sur le siège à coté, puis sur le dossier quand d’autres personnes arrivent. Il tombe derrière, et une gamine apparaît avec le chapeau sur la tête, bien trop grand pour elle. Son petit frère commence à râler. Il aurait voulut être le premier à ramasser le chapeau de cow-boy. J’le comprends, j’aurais fait pareil.
Un peu après tout le monde, celui qui allait être mon voisin pour le vol arrivait, en engueulant l’hôtesse : « Nous ne sommes pas du bétail ! » « C’est une honte » « Pour le prix que j’ai payé, je refuse d’être traité comme du bétail ! ». C’est le type un peu lunatique avec qui j’avais mangé mon sandwich à midi. Alors il me raconte sa mésaventure. On lui avait honteusement changé sa place au dernier moment, sans le prévenir, et dans la plus grande précipitation.
« On doit être prévenu dans ce genre de situation. Il y a une certaine délicatesse à respecter » … je ne me rappelle plus si il a dit ça mot pour mot, mais c’est certain, il était ridicule.
Quelques minutes plus tard, toujours avant de décoller, l’hôtesse qui m’avait trouvé sympathique me demande de céder ma place près du hublot à une personne qui se trouve mal à l’aise dans l’allée. Une nouvelle raison pour mon voisin de râler, et moi, d’acquiescer à chacune de ses confessions. Après la scène qu’il a faite en arrivant, je crois bien être son seul copain à bord.
En réalité, il est très drôle. Il a toujours un commentaire sur tout. La quantité de jus de fruits servi le menu proposé, sa tablette qui se fermait mal, le siège de la personne de devant …
Le sort s’acharne sur lui.
Par chance, j’ai une voisine beaucoup moins lunatique. Je ne me rappelle plus de son prénom … Mary, je crois … une prof de danse Jazz, Soul, qui fait des échanges culturels dans toute l’Europe. Cette fois-ci elle va proposer des cours dans une école de danse à Moscou. Elle a l’habitude de venir ici. Elle a plusieurs amis qu’elle a reçus en Pologne, ou ailleurs. Elle, elle est plutôt d’origine Martiniquaise.
Apres 3h de vol, on débarque à Moscou. « Mary » m’indique les guichets de transit’. Elle connaît bien l’aéroport, mais elle doit partir, on l’attend.
Devant moi, toute une troupe de jeunes musiciens qui trimbalent leurs instruments de musique. Ils sont une trentaine à attendre leur contrôle de passeport, alors on a un peu le temps de discuter.
Deux jeunes filles sont intriguées par mon t-shirt. J’ai transféré ma tête dessus, avec mon chapeau. Et vu que je l’ai sur la tête, on me reconnaît très facilement.
« Is you ? » Ce sont des Arméniennes. Elles ont fait plusieurs concerts à Dublin, et elles rentrent maintenant chez elles. Dommage, mon t-shirt les fait marrer, on aurait put continuer à discuter. Les mecs du groupe sont moins marrants. Ils parlent moins bien anglais aussi, ou font moins d’efforts.
Je passe le contrôle et me retrouve dans une galerie commerçante, ou les derniers rideaux sont entrain de se fermer. Quelques personnes reste s’occuper de l’entretien, les autres quittent vraisemblablement leur boulot. Il est 23h00 heure locale. Je demande où je peux dormir, et on m’indique un escalier qui mène à l’étage. La haut, surprise, des gens se sont installés en attendant leur correspondance. Ils sont par terre, allongés sur du papier journal distribué gratuitement en bas. Il y a un Croate qui rentre chez lui, dans une ville que je ne connais pas. Il y a un couple d’Anglais avec leur gamin de 6-7 ans. Il y a aussi un groupe de trois Africains mieux organisés que tout le monde, allongés sur leur matelas gonflable. Après avoir discuté avec un peu tout le monde, je me trouve une place contre le mur. Ma banane fourrée avec ma veste me fait un superbe oreiller, je garde ma polaire pour rester au chaud, et mon chapeau me cache la lumière des néons. La nuit est rythmée par les départs des voyageurs, par les passages des vigiles, par les annonces au micro. Elles sont d’ailleurs très drôles : En russes, le message est distinct. Chaque syllabe est prononcée, le son est clair, très bien. Au moment où ils passent le message en anglais, c’est le fou rire assuré. Ils mangent les syllabes, coupent les mots, on se demande si ils comprennent ce qu’ils disent. On a plutôt l’impression qu’ils lisent un message écrit en phonétique, le « dortoir » se marre, c’est génial.